Guerre.

(...)

Nous n'avons plus qu'à courir aussi loin que possible dans ce bruit assourdissant d'explosions. Jamais nos deux mains ne sont liées aussi simplement que lorsque la peur nous nouait l'estomac et que les bombes tombaient les unes après les autres dans ce champ autrefois paisible. J'aurai sans doute préféré à ce naturel pitoyable qui pousse une femme a tomber dans les bras d'un homme à l'approche du danger un combat à mains nues dans lequel nos corps se serraient liés avec violence et passion et qui, plutôt que d'être un substitut à la tristesse, serait bel et bien une preuve d'un sentiment magique et transcendant. Qu'y a-t-il de beau dans cette union par défaut ? Quelle fierté pouvons nous tirée d'une histoire bien trop proche d'un de ces films romantiques dans lesquels se dessinent à l'arrière plan la toile d'une deuxième Guerre Mondiale trop atroce pour être explicitée ? Nous sommes l'alibi de tous ces lâches qui ne savent avouer cette réalité encombrante. Nous leur donnons ce sentiment qui apaise, celui qui donne à croire que le  malheur des uns fait le bonheur des autres alors que la réalité n'est faite que de gens malheureux qui se touchent sans même se sentir ; se touchent pour oublier les balles qui transpercent la chair de leur frère et qu'ils sentent comme les braises sous leurs pieds nus. Nous devrions rester cacher à l'intérieur de ces cannons car nous sommes aussi dangereux que les boulets qu'ils lancent. Nous devrions fuir, et ce, le plus vite possible et laisser enfin le temps à ces corps meurtris de faire le deuil des coups qu'ils ont reçus. Nous devrions redonner la gravité aux faits et laisser la honte nous ronger car nous ne sommes que justification à leurs actes inhumains.

Photo : Lilya Corneli

Comments

[xpn.]

C'est beau ici.

[[ LSD ] Armand.]

Je suis sans gene ( et sans accent circonflexe, aussi ); je dépucèle donc ta boite à commentaire. ( L'absence d'accent va commencer à se faire problématique ).


Je crois que.
Tu es bouleversante de.
Si jeune, c'est.

Je t'embrasse.